Un peu partout en Côte d’Ivoire, beignets, gâteaux, bananes braisées, pains et autres mets sont généralement servis avec comme seul emballage, du vieux papier journal. Dans les écoles primaires et secondaires, les boutiques de quartiers et les abords des voies publiques, c’est le même constat. Il arrive même que certains enfants après avoir goulûment dégusté leurs beignets, lèchent ou mâchonnent un bout de cet emballage pour en retirer tout le suc de leur met.
Un emballage moins cher
En effet, la prolifération de ce type d’emballage est due à la surproduction et à la mévente de certains journaux. Après la vente dans les kiosques à journaux, le surplus est bradé à certains acheteurs qui entretiennent des commerces parallèles de vieux journaux. Ceux-ci les revendent quand ils n’en ont plus besoins aux petits commerces ou aux boutiques pour l’emballage de leurs produits.
Ceci dit, c’est un emballage pratique, facilement disponible et très prisé pour son prix très bas, entre 25 et 50fcfa le journal entier. Face à cette utilisation massive du papier journal comme emballage alimentaire, il convient de s’interroger sur l’opportunité de cet emballage.
Adapté pour l’alimentation ?
Tous les emballages pouvant entrer en contact avec les denrées alimentaires doivent répondre à des exigences, de façon à ne communiquer aucun goût aux aliments ni laisser migrer certains de leurs constituants.
Notons que dans le cas précis des journaux, ils sont généralement fabriqués à partir de papiers recyclés, des extraits ou déchets de bois et d’huiles minérales provenant venant de produits pétroliers.
Les substances chimiques utiles lors du tri et du recyclage du papier usagé coûtent beaucoup trop cher. Pour minimiser les coûts de production, les tris et les traitements sont souvent réduis. Le papier recyclé est donc à la base déjà contaminé. A cela viennent s’ajouter les phtalates* des encres et vernis d’impression des journaux.
Les encres colorées modernes (et certaines recettes anciennes) font appel à l’usage de pigments très toxiques (métaux lourds en général) et d’additifs stabilisant qui peuvent être de puissants allergènes (isocyanates* dans certaines encres modernes), notamment lorsqu’ils sont respirés.
Les pigments sont souvent dilués dans un solvant (eau, alcool ou autre solvant organique). Certains solvants sont toxiques quand ils sont respirés, avalés. Les encres d’impression contiennent de nombreuses substances différentes. Cela représente une source importante de toxicité. Il est recommandé de ne pas les laisser à portée des enfants.
Les papiers imprimés ou contenant d’une façon ou d’une autre de l’encre, ne doivent pas entrer en contact avec les aliments, surtout quand on ne maîtrise pas l’origine des encres utilisées.
Seulement voilà, quel emballage alimentaire est-il proposé à toutes ces braves personnes qui essaient de gagner dignement leur vie par un petit commerce, vu que les emballages plastiques sont également interdits d’usage ?
« Si je n’ai pas le plastiques et qu’on m’interdit le journal, c’est peut-être avec les cahiers de mes enfants que je vais vendre », ironise ma vendeuse de beignet matinal.
Peut-on nous rassurer que ces journaux sont imprimés avec de l’encre végétal et traités pour accueillir, pour une seconde vie, des aliments ?, comme c’est le cas dans certains pays développés où toute une industrie s’est développée autour de ces types d’emballages.
« Je vous invite à déguster mes beignets servis dans un journal de la place datant du mercredi 25 mai 2016. Miam! Très bon je vous assure ».
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