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Abidjan : les parcs à bétail de la Tabaski et leur cortège de pollution

Cet article a été écrit en septembre 2017.

C’est bien connu, la fête de Tabaski rime avec le sacrifice d’animaux. Bœufs, moutons, cabris ou volaille, tous y passent en fonction des bourses. Ainsi, dans toutes les villes, des marchés à bétail sont ouverts pour que chacun puisse se procurer une bête. Mais, tous cela ne se fait pas sans un certain risque sur notre environnement…

L’état des marchés improvisés de la Tabaski

« Les marchés au bétails que j’ai visité sont sincèrement crasseux. Les vendeurs n’entretiennent pas leurs enclos. En plus, on abat des bêtes et on les dépècent sur place, sans nettoyer les restes », déplore Abdoul, à la recherche d’une bonne bête, cadrant dans ses 60 000 fcfa de budget.

Tabaski
Parc à bétail à Abobo-Abidjan. Crédit photo: Jallaski

Les marchés aux bêtes ne sont effectivement pas très salubres, mais, cela semble déranger personne. Chaque jour, vendeurs et acheteurs s’y côtoient pour essayer de faire une bonne affaire. Les déchets produits par les animaux sont parqués sur place, aussi, le ballet incessant des grosses mouches noires attirées par l’insalubrité n’est pas facile à supporter. Cette forme de pollution semble  ignorée par les populations, quant aux services d’hygiène, ils sont aux abonnés absents sur ces marchés. Mais ce n’est pas tout, il y a pire…

Des vieux pneus comme sources d’énergie…

La plupart des marchés dégagent de grosses fumées noires. Il ne s’agit pas d’incendies, mais de feux qui sont allumés pour nettoyer les animaux. Pour 1000 fcfa ou même moins, des jeunes offrent leurs services aux acheteurs. Ils nettoient et dépècent les bêtes. Un business plutôt lucratif vue l’affluence sur certains marchés. Mais les feux sont alimentés en vieux pneus usagés ! Quel triste constat ! Cela crée une pollution énorme. Négociés à 100 ou 200 fcfa, ces vieux pneus sont utilisés car ils brûlent plus longtemps. C’est donc une meilleure source d’énergie pour ces dépeceurs que le bois qui coûte plus cher.

« A l’heure-là, s’il faut acheter du bois et le transporter ici, ça va prendre du temps et nous coûter cher.  Avec les pneus, c’est rapide et ça dure plus longtemps. Un pneu peut aider à faire plusieurs moutons en même temps », explique Diomandé, un jeune d’à peine 15 ans.

Du temps et de l’argent, voilà l’avantage des pneus sur le bois…

Plusieurs questions se posent : Quels risques guettent ces jeunes qui inhalent ces fumées noires toute la journée ? Quels impacts ces fumées continuelles créent-elles sur les riverains et l’environnement ? Enfin, une viande nettoyée dans ces conditions est-elle saine à la consommation ?

Rappelons que l’incinération des objets plastiques dégage des composés toxiques, comme la dioxine par exemple. Or ce composé est reconnu cancérigène pour l’homme. En plus, il s’accumule facilement dans les graisses animales lorsque le caoutchouc est utilisé de la sorte. La viande n’est donc pas saine lorsqu’elle a été au contact du caoutchouc brûlé.
Dans tous les cas, les débats restent ouverts.

Bonne fête de Tabaski à tous !

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Auteur·e

jallaski

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