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Côte d’Ivoire, agriculture vs forêt (1) : « peut-on appliquer nos lois ? »

Le verdict sans appel est tombé ce mercredi matin.

1 an et 6 mois de prison et une amende de 1 million de FCFA, telle est la décision de la justice.

Les deux mains sur la tête, K. est inconsolable. Il semble ne plus avoir la force pour tenir sur ses jambes. Accroché aux deux gardes pénitentiaires qui le conduisent, il se laisse trainer comme un vulgaire sac de patate.

Les membres de sa famille venus le soutenir ne cessent de couler des larmes. Triste scène qui ne laisse personne indifférent. K. laisse derrière lui une femme sans grand moyen financier et six gosses.

« Où allons-nous trouver une telle somme d’argent ?, où ? », sanglote la femme de K. assise à même le sol.

Les prochains mois seront difficiles pour cette petite famille privée de sa cheville ouvrière. En plus, la parcelle qu’ils entretiennent depuis quelques années maintenant vient d’être saisie. Il leur est formellement interdit d’y retourner pour quoi que ce soit.

Elle continue malgré tout de plaider pour qu’on lui permette de récolter quelques produits pour nourrir sa famille, mais en vain. Les agents patrouillent constamment en forêt. La cabane en banco qui leur se sert de logement est en cendre. Sans toit et sans moyen, elle se retrouve livrée à elle-même au cœur de la ville.

La justice est certes sans cœur, mais K. et sa famille sont également sans scrupule. Installés dans une forêt interdite à l’exploitation agricole, ces derniers pratiquent une agriculture extensive et se plaisent à ne respecter aucune règle.

K. a tout perdu aujourd’hui car il a sous-estimé la loi. En plus de son ancienne exploitation de cacao, il vient de créer deux nouvelles plantations malgré les injonctions des agents forestiers après ses récentes tentatives découvertes et détruites. Pis, il s’adonne également au commerce de parcelle et installe d’autres agriculteurs.

Droit de l’homme, défaillance de l’Etat, malversation des gestionnaires des forêts, peut-on réellement appliquer nos lois forestières ?

Autant dire que les personnes comme K., il y en a à profusions dans nos forêts interdites d’exploitation. A ce rythme, l’Etat doit se préparer à construire chaque mois de nouveaux pénitenciers, s’il veut appliquer le nouveau code forestier promulgué en juillet 2014.

Comment est-on arrivé à ce stade-là ?

A suivre…

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Auteur·e

jallaski

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