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Côte d’Ivoire : les rhinocéros de la Réserve de Faune d’Abokouamékro en danger (2)

« Au pays des éléphants, les rhinocéros blancs sont en voie d’extinction ».

Lors de la publication de notre précédent billet consacré à ces pachydermes en danger qui se sont bien acclimatés au pays, nous étions loin de nous imaginer le tragique événement qui allait suivre.

Le 4 août 2016, à Frondobo, petit village de la sous-préfecture de Tiémélékro (à environ 250 km d’Abidjan, au centre du pays), il est environ 17 heures quand, partout dans le village, on entend des cris de détresses et de terreur. Le rhinocéros qui rôde depuis un moment dans la zone vient de prendre en chasse le chef du village. Le pachyderme en question est un gros mâle d’environ 2 mètres de hauteur, il pèse plus de 2 tonnes. Paisible depuis son apparition dans la zone en 2012, il était devenu de plus en plus agressif ces derniers mois.

Après avoir fait un tour dans la broussaille pour se soulager, le chef, surpris lors de son retour vers le village, est pris en chasse par l’animal. Il est violemment fauché et reçoit un coup de corne au ventre. Transporté d’urgence dans une embarcation de fortune au centre hospitalier régional de Dimbokro (situé à une vingtaine de km), il succombera malheureusement aux blessures profondes infligées par l’animal.

Aujourd’hui, le rhinocéros continue d’errer autour du village, il a même coupé la route à un véhicule de transport le lendemain de ce drame, créant ainsi la psychose au sein des populations.

A Frondobo et dans les villages voisins, les habitants sont apeurés et vivent dans la crainte totale devant ce changement de comportement de l’animal. La population sont unanime, depuis son apparition en 2012 dans la localité, la cohabitation avait toujours été quasiment pacifique. Les dégâts s’étaient limités aux cultures et à la profanation d’une tombe. Une seule tentative d’agression était survenue en mai 2016 et la victime avait réussi à s’échapper.

Pour bon nombre d’habitants de la localité, la quiétude ne pourra revenir qu’après la traque et la mort de ce pachyderme fou et cela se comprend vu la situation délétère actuelle.

« Il faut qu’on nous débarrasse de ce monstre, il crée trop la terreur chez nous », soutient un fils de la localité.

Heureusement, au lendemain du drame,une rencontre a eu lieu avec la population, une délégation de la Direction Régionale des Eaux Forêts de Yamoussoukro, la Mairie de Tiémélékro et la Gendarmerie de Dimbokro. Cela a permis de calmer la population et de traduire la compassion des autorités face à cette malencontreuse situation. Mais point de long discours qui tiennent, les habitants exigent que l’animal soit urgemment déplacé afin de retrouver la quiétude et la sécurité. Par ailleurs, selon la notabilité du village, en de pareilles circonstances, des rituels doivent être effectués par l’administration qui a en charge la gestion de l’animal afin que la victime, qui est un chef de village, soit inhumée dignement, selon la tradition.

Les membres de la délégation ont rassuré la population quant aux dispositions en cours pour le déplacement de l’animal. Ils n’ont pas manqué d’insister sur les mesures à observer pour éviter que l’animal soit de plus en plus agressif. Notons que les raisons profondes de ce changement de comportement du rhinocéros ne sont pas encore élucidées. Selon les dernières informations, recueillies auprès de la direction en charge de la faune, ce gros mâle représente vraisemblablement le dernier spécimen de son espèce en Côte d’ Ivoire. Les récentes recherches menées par la direction sont formelles.

Sur les sept rhinocéros en cavale depuis 2002, seul ce gros mâle est encore en vie, mais pour combien de temps encore ? Il faut veiller à prendre toutes les mesures pour sa protection et probablement penser à en faire venir d’autres d’Afrique du Sud, pour recréer la dynamique de l’espèce en Côte d’Ivoire, comme initiée par feu le président Houphouët Boigny.

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Auteur·e

jallaski

Commentaires

issbill
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Tu les aimes bien, ces pachydermes! Ah ah ah.

Jallaski
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Oui. C'est l'héritage laissé par notre très cher Nanan Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire qui les a fait venir expressément d'Afrique du Sud à coup de millions. Nous ne sommes pas capable de l'entretenir et l'extinction de l’espèce n'est plus qu'une question de quelques mois si rien n'est fait.