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L’ « or bleu », un droit essentiel et fondamental à la vie

L’écart du niveau de vie dans nos sociétés africaines en voie de développement ne cesse de se creuser. La vie n’a pas fait de cadeau à tout le monde. En effet, loin de vouloir exagérer dans mes propos, force est de reconnaître qu’à cette belle époque de la révolution numérique et de la génération « pressé-pressé » comme on l’entend souvent, les populations juste à côté n’arrivent même pas avoir au quotidien ce précieux liquide. Ce liquide qualifié de source de la vie : l’eau potable salubre ou l’ « or bleu ».

Il est bientôt 6h dans cette agréable brume matinale. Au loin, des silhouettes féminines se déplacent à grandes enjambées avec des charges sur la tête.

Ah ! Ce sont les femmes qui reviennent de la quête d’eau au marigot, pensais-je. Scène plutôt habituelle dans nos campagnes.

Une corvée difficile mais nécessaire pour la survie de sa famille

Mais, parmi elle, une petite silhouette attire mon attention à leur approche. Les lèvres serrées et des grosses gouttes de sueur perlant sur ses petites joues, Ania revient du marigot avec son précieux butin. Elle n’a fait qu’une bouchée des 3 kilomètres qui la sépare du point d’approvisionnement. Mais, il faut maintenant se préparer à toute vitesse pour l’école et penser à la cargaison du soir. Eh oui ! Il faut qu’elle reprenne encore le chemin du marigot à sa sortie de l’école et cela avant la tombée de la nuit.

« Je suis habituée maintenant », voici ce qu’elle m’a répondu, sourire aux lèvres quand j’ai fait allusion à la grande bassine qu’elle portait.

Ania, 12 ans, est une fillette qui habite dans une petite commune rurale au centre de la Côte d’Ivoire. Ici, l’eau potable est une denrée rare. Elle m’apprend qu’elle vit avec sa mère et ses deux petits frères. Elle représente la seule aide de sa mère, une ménagère qui essaie de faire de son mieux pour nourrir ses enfants. Très souvent, la quête d’eau revient à elle toute seule. Pendant que sa mère s’occupe à d’autres tâches ménagères. Tous les matins et les soirs, elle part donc avec les femmes et les jeunes filles des concessions voisines pour la quête de l’ « or bleu ».

Mais, cet or qu’elle ramène à la maison est loin d’être bleu malheureusement. Souvent, il est plutôt d’un gris sale et boueux. Surtout, lorsque les bergers passent avant, avec leur troupeaux.

Où en sommes-nous avec l’accès à l’eau potable ?

Pourtant, l’Organisation des Nations Unies a adopté en 2010, une résolution sur le droit à une eau potable salubre comme:

« un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme ».

Le manque d’eau potable est l’une des plus importante cause de mortalité infantile dans le monde selon l’organisation. Aujourd’hui, après les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’accès à l’eau potable est l’objectif spécifique numéro 6 des Objectifs pour le Développement Durable (ODD) mis en place en 2015. Il vise à transformer les vies tout en respectant la planète d’ici 2030.

Mais, en attendant le transfert de technologies dans le domaine de l’eau potable dans les pays en développement et les réelles politiques d’extension de l’accès à l’eau potable salubre dans nos villages, Ania continuera encore longtemps de parcourir deux fois par jour la piste rocailleuse du marigot. Elle sourira toujours, avec sa bassine d’environ 20 litres en équilibre sur la tête. Alors qu’en moyenne chaque personne en ville utilise entre 50-70 litres d’eau potable salubre par jour, la petite famille de quatre personnes doit se contenter du maigre butin d’Ania. Elle doit se débrouiller avec environ 40 litres d’une eau de qualité plutôt douteuse par jour.

Peut-on considérer que cette petite famille et toutes celles qui sont dans la même situation vivent ?

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Auteur·e

jallaski

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