D’Est en Ouest, plusieurs localités de la Côte d’Ivoire sont envahies. Un seul but : la pratique de l’orpaillage clandestin. La ruée anarchique des assoiffés du métal jaune n’est pas sans conséquence pour les localités dans lesquelles ils posent leurs valises. Plusieurs voix s’élèvent timidement. Certaines populations essaient tant bien que mal d’empêcher les chercheurs d’or de s’installer, mais sans grand soutien des autorités administratives. Pourra-t-on au moins éviter le pire ?
Après les nombreuses terres agricoles fertiles détruites par les chercheurs d’or, plusieurs fleuves et rivières sont maintenant dans leur ligne de mire. Cette catastrophe naissante semble pourtant peu attirer l’attention des décideurs. Les quelques actions menées pour faire déguerpir les orpailleurs sont loin de pouvoir résoudre le problème.
« C’est vraiment étrange que les autorités ne réagissent pas convenablement à cette situation », déplore Georges, agriculteur à Bouaflé au centre du pays.
Mon précédent billet sur les conséquences de l’orpaillage
Il y a un an environ, nous attirions déjà l’attention sur les conséquences de l’orpaillage dans l’un de nos billets. Celui-ci était intitulé « Côte d’Ivoire : vers une catastrophe écologique dans le fleuve Bia, à l’est du pays », publié le 22 février 2017. Nous présentions le cas de la petite localité de Bianouan. La station de traitement d’eau installée sur la rive du fleuve Bia avait dû arrêter de fonctionner à cause de l’aspect extrêmement boueux de l’eau. Mais rien n’était fait pour soulager les populations, qui devaient se débrouiller seules pour avoir un peu d’eau pour les besoins quotidiens. Résultat, les activités économiques pratiquées sur ce fleuve sont à l’arrêt.
Généralisation du phénomène d’orpaillage clandestin
Le manque de contrôle et de réglementation stricte encourage certains clandestins à s’installer à leur gré. La population, souvent victimes de ces filous, se retrouve menacée et harcelée pour leurs propres terres. Il n’est pas rare d’entendre dire que ces orpailleurs sont organisés en gangs et armés. il est vrai que le phénomène s’est accentué pendant la période de crise qu’a traversé la Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011. Les zones qui échappaient alors au contrôle gouvernemental étaient abusivement exploitées. Mais, aujourd’hui cela persiste encore. Ce qui laisse penser que certains des orpailleurs clandestins ont des parrains haut placés.
« Ces orpailleurs sont intouchables car ils sont couverts par des parrains bien placés », explique Hubert, un jeune cadre.
Orpaillage incontrôlé, futur en pointillé…
Avec la pratique incontrôlée de l’orpaillage, la quiétude des populations est menacée. De nombreuses terres fertiles sont d’ores et déjà détruites, avec pour conséquence directe l’insécurité alimentaire. Les tranchées et perforations béantes laissées par les foreurs d’or ont également déjà fait de nombreuses victimes. Plusieurs fleuves sont pollués par cette activité, les fleuves Cavally à l’ouest, Bandama et N’zi au Centre et Bia à l’est du pays, entre autres. La perturbation des activités économiques menées sur ces fleuves est une vraie catastrophe pour les riverains.

Enfin, plusieurs localités installées le long de ces cours d’eau sont dorénavant privées de leur source d’approvisionnement en eau potable. Car après le passage des chercheurs d’or, les coûts de traitement de l’eau deviennent difficilement supportables. Le cas de Bianouan, que nous avons traité dans un précédent billet, en est la parfaite illustration. Aujourd’hui, c’est la petite ville de Dimbokro, au centre du pays, qui commence à ressentir les effets de la pollution du N’zi. Le système de traitement d’eau n’arrive plus à épurer efficacement l’eau du fleuve. Pour l’instant, les autorités en charge de l’hydraulique humaine assure que l’eau est potable et saine, malgré son aspect pas très clair. Mais, pour combien de temps encore ?
Quand on connait tous les métaux lourds qu’utilisent les orpailleurs, les risques d’intoxication semblent vraiment augmenter.
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