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Vers une solution pour protéger le dernier rhinocéros blanc de la Côte d’Ivoire

Quinze ans, c’est le temps qu’il a fallu attendre. Et cela, pour que des moyens suffisants soient dégagés afin mettre en lieu sûr le dernier rhinocéros blanc sur les sept* de Côte d’Ivoire. Notons que, ceux-ci étaient en divagation dans le centre du pays, après la destruction en 2002 de la clôture de la réserve de faune d’Abokouamékro (Yamoussoukro), d’où ils étaient l’attraction phare.

Il est le dernier spécimen de cette espèce exotique* en Côte d’Ivoire, selon le ministère des eaux et forêts. En effet, ce mâle de deux mètres de haut et pesant plus de deux tonnes était devenu agressif ces derniers mois. En témoigne, l’attaque mortelle sur chef du village de Frondobo dans la Sous-Préfecture de Tiémélékro (250 km d’Abidjan), le 4 août 2016 et la psychose générale qui s’en est suivie. Aussi, la proposition qu’il soit rapidement abattu était revenue plusieurs fois pendant les rencontres entre l’administration forestière et les populations de la localité. Heureusement, une solution vient d’être trouvée. En quoi consiste donc cette mesure de protection du rhinocéros ?

Traque et capture

Des experts du domaine ont été expressément déplacés d’Afrique du Sud pour l’opération. Cette équipe était conduite par le docteur Willem Burger, vétérinaire animalier. Aussi, ils étaient appuyés dans cette tâche par les agents des services des eaux et forêts. Les experts sont arrivés, ce jeudi 4 mai 2017, dans le village de Djamalabo où celui-ci a été repéré. D’abord, ils ont tranquillisé l’animal à l’aide d’un fusil hypodermique. Ensuite, des soins ont été apportés avant de le rafraîchir à l’eau et à la glace pour le réveiller.

Notons que, la corne du rhinocéros a été sciée par le docteur W. Burger et remise aux autorités forestières. Cela, permettra d’éviter les risques de braconnage sur l’animal. En effet, cette corne serait très recherchée surtout en Asie pour ses vertus aphrodisiaques et anti-cancer. Elle se revendrait entre 40 000 et 50 000 euros le kilogramme sur le marché noir.

Transfert dans une réserve sécurisée

Une fois réveillé, le rhinocéros a été conduit avec un attelage dans la cage prévue pour son transport. Et cela, sous l’œil vigilant des experts sud-africains, des média nationaux et internationaux et l’acclamation des populations du village de Djamalabo. Le transfert s’est réalisé sans embûche jusqu’au nouveau site de son installation. Il s’agit de la réserve privé N’zi River Lodge située dans la forêt classée de la Mafa, dans la sous-préfecture de Brobo (350 km d’Abidjan et 45 km de Bouaké).

Installation du rhinocéros blanc dans un enclos douillet

20 ha, c’est la surface de l’enclos électrique de 2,40 m de haut érigé pour permettre au rhinocéros de se dégourdir les jambes et empêcher tout acte de braconnage. L’introduction de l’animal a officiellement été effectuée ce vendredi 5 mai dans la réserve privée. Le coût de cette opération pour réserver un cadre propice aux conditions de vie pour l’animal s’élève à environ 175 millions de FCFA*. Mais, en ce qui concerne l’interrogation à savoir si la surface de 20 ha convient réellement pour l’épanouissement d’un rhinocéros blanc, les supputations vont bon train. Aussi, les autorités de la réserve avancent qu’il s’agit d’une mesure transitoire. Cependant, c’est déjà une grande avancée pour le pays en termes de conservation de la biodiversité qui mérite d’être saluée.

Mais…

Cette mesure suffira-t-elle pour assurer la sécurité de notre cher rhino ? Les autorités forestières et de la réserve N’zi River Lodge rassurent. Tout sera mis en œuvre pour que survive encore très longtemps le pachyderme qui s’est depuis le temps acclimaté au pays des éléphants. Mais, le seul bémol est que rien n’est encore prévu pour favoriser la dynamique de l’espèce. En effet, sans étude pour l’introduction par exemple de femelles, dans quelques années la présence de rhinocéros blancs en Côte d’Ivoire ne sera probablement qu’un lointain souvenir.

*Sept rhinocéros blancs : Cinq rhinocéros ont été offert par l’Afrique du sud en 1992. Par la suite, deux portées ont augmenté ce nombre à sept.
*Espèce exotique : espèce qu’on ne retrouve pas naturellement dans un endroit donné, espèce introduite.
175 millions de FCFA*: soit environ 265 000 euros.

Crédit photos : profil facebook Web Minef (service communication du Ministère des eaux et forêts)

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Auteur·e

jallaski

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