Jallaski

Une belle expérience de live chat avec les U-Reporters Côte d’Ivoire

Le blog a toujours été pour moi un moyen efficace pour attirer l’attention de mes lecteurs et leur partager mes avis et mes expériences. Mais, je viens également de découvrir avec l’équipe des U-Reporters Côte d’Ivoire, une autre facette du partage interactif d’idées. Une belle expérience que je vous relate dans ces quelques lignes.

Mes premiers pas avec les U-Reporters

J’ai été invité à participer à un live chat le mercredi 28 février dernier avec les U-Reporters ivoiriens. Ce live chat était consacré pour ce mois de février à l’écologie et l’environnement. Plusieurs spécialistes de la question venant du ministère de l’environnement, des ong et associations étaient présents. En effet, il s’agissait pour nous de répondre par messages aux différentes préoccupations des U-Reporters sur le sujet. Les échanges se sont déroulés à travers une plate-forme en ligne qui rassemble les questions des U-Reporters envoyées via sms ou via les réseaux sociaux. Après un petit moment d’explication et de prise en main de la plate-forme, nous voilà lancé à l’assaut des questions.

Un exercice difficile mais passionnant

« Quand parler de sa spécialité n’est pas toujours évident ! »

Et oui, cela paraît étrange. Lorsqu’il s’agit d’expliquer ce qu’est l’écologie, la couche d’ozone, la pollution atmosphérique ou autre au cours d’un colloque scientifique, c’est plutôt rigolo. Mais, l’expliquer à des enfants ou à des personnes qui n’ont pas forcément un niveau scolaire élevé, ce n’est pas toujours simple. Le maître mot du live chat était que les U-Reporters qui sont des profanes du domaine de l’écologie et de l’environnement comprennent bien le sujet. Au départ, c’était un peu difficile. Mais, on se laisse vite prendre au jeu. Ce fut vraiment sympathique de sentir cette interaction avec ces jeunes qui veulent en savoir toujours plus.

Deux heures d’horloge, c’est le temps qu’ont duré les échanges. Chaque spécialiste derrière son ordinateur donnait le meilleur de lui-même pour satisfaire aux interrogations des U-Reporteurs. Pour les questions complexes, une réflexion collégiale permettait d’apporter une réponse satisfaisante. Aussi, un petit challenge était ouvert entre les cinq binômes formés pour savoir l’équipe qui allait réponde au maximum de questions. A ce petit jeu, mon binôme Stéphane et moi avons raflé haut les mains la première place du nombre de réponses aux questions. Au final, nous avons obtenu un total de 156 réponses, loin devant le second binôme avec 139 réponses.

Mais, c’est quoi concrètement un U-Reporter ?

U-Report est une plate-forme mise en place par l’Unicef. Cette plate-forme a pour objectif de susciter l’engagement des jeunes de tout âge sur des questions qui les touchent directement et inciter un changement dans leur communauté. Les échanges se font par sms ou à travers les réseaux sociaux. Tous les faits de société sont donc abordés avec les U-Reporters qui sont les personnes abonnées à la plate-forme. Toute personne qui le souhaite peut s’abonner pour participer aux sondages, poser des questions et recevoir des informations.

U-Reporters
Pour rejoindre l’équipe des U-Reporters Côte d’Ivoire. Crédit photo: Equipe U-Report Unicef Côte d’Ivoire

La plate-forme des U-Reporters existe déjà dans 44 pays. En Côte d’Ivoire, on parle aujourd’hui de mouvement des U-Reporters avec plus de 170 000 abonnés. Des comités U-Reporters s’organisent même dans les villes et régions du pays pour poser des actions bénévoles. Il s’agit entre autres de sensibilisations communautaires diverses et d’activités de ramassage d’ordures. Pour rejoindre le mouvement en Côte d’Ivoire, il suffit d’envoyer le mot « JOINDRE » soit par sms au 1366, soit dans la messagerie Facebook U-Report Côte d’Ivoire ou sur Twitter à @UReport_CIV. Viens t’engager pour ta communauté, l’équipe n’attend que toi !


L’orpaillage clandestin en Côte d’Ivoire, un phénomène aux multiples conséquences

D’Est en Ouest, plusieurs localités de la Côte d’Ivoire sont envahies. Un seul but : la pratique de l’orpaillage clandestin. La ruée anarchique des assoiffés du métal jaune n’est pas sans conséquence pour les localités dans lesquelles ils posent leurs valises. Plusieurs voix s’élèvent timidement. Certaines populations essaient tant bien que mal d’empêcher les chercheurs d’or de s’installer, mais sans grand soutien des autorités administratives. Pourra-t-on au moins éviter le pire ?

Après les nombreuses terres agricoles fertiles détruites par les chercheurs d’or, plusieurs fleuves et rivières sont maintenant dans leur ligne de mire. Cette catastrophe naissante semble pourtant peu attirer l’attention des décideurs. Les quelques actions menées pour faire déguerpir les orpailleurs sont loin de pouvoir résoudre le problème.

« C’est vraiment étrange que les autorités ne réagissent pas convenablement à cette situation », déplore Georges, agriculteur à Bouaflé au centre du pays.

 Mon précédent billet sur les conséquences de l’orpaillage

Il y a un an environ, nous attirions déjà l’attention sur les conséquences de l’orpaillage dans l’un de nos billets. Celui-ci était intitulé « Côte d’Ivoire : vers une catastrophe écologique dans le fleuve Bia, à l’est du pays », publié le 22 février 2017. Nous présentions le cas de la petite localité de Bianouan. La station de traitement d’eau installée sur la rive du fleuve Bia avait dû arrêter de fonctionner à cause de l’aspect extrêmement boueux de l’eau. Mais rien n’était fait pour soulager les populations, qui devaient se débrouiller seules pour avoir un peu d’eau pour les besoins quotidiens. Résultat, les activités économiques pratiquées sur ce fleuve sont à l’arrêt.

Généralisation du phénomène d’orpaillage clandestin

Le manque de contrôle et de réglementation stricte encourage certains clandestins à s’installer à leur gré. La population, souvent victimes de ces filous, se retrouve menacée et harcelée pour leurs propres terres. Il n’est pas rare d’entendre dire que ces orpailleurs sont organisés en gangs et armés. il est vrai que le phénomène s’est accentué pendant la période de crise qu’a traversé la Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011. Les zones qui échappaient alors au contrôle gouvernemental étaient abusivement exploitées. Mais, aujourd’hui  cela persiste encore. Ce qui laisse penser que certains des orpailleurs clandestins ont des parrains haut placés.

« Ces orpailleurs sont intouchables car ils sont couverts par des parrains bien placés », explique Hubert, un jeune cadre.

Orpaillage incontrôlé, futur en pointillé…

Avec la pratique incontrôlée de l’orpaillage, la quiétude des populations est menacée. De nombreuses terres fertiles sont d’ores et déjà détruites, avec pour conséquence directe l’insécurité alimentaire. Les tranchées et perforations béantes laissées par les foreurs d’or ont également déjà fait de nombreuses victimes. Plusieurs fleuves sont pollués par cette activité, les fleuves Cavally à l’ouest, Bandama et N’zi au Centre et Bia à l’est du pays, entre autres. La perturbation des activités économiques menées sur ces fleuves est une vraie catastrophe pour les riverains.

Orpaillage
Station de traitement d’eau de Bianouan à l’arrêt. Crédit photo: Jallaski

Enfin, plusieurs localités installées le long de ces cours d’eau sont dorénavant privées de leur source d’approvisionnement en eau potable. Car après le passage des chercheurs d’or, les coûts de traitement de l’eau deviennent difficilement supportables. Le cas de Bianouan, que nous avons traité dans un précédent billet, en est la parfaite illustration. Aujourd’hui, c’est la petite ville de Dimbokro, au centre du pays, qui commence à ressentir les effets de la pollution du N’zi. Le système de traitement d’eau n’arrive plus à épurer efficacement l’eau du fleuve. Pour l’instant, les autorités en charge de l’hydraulique humaine assure que l’eau est potable et saine, malgré son aspect pas très clair. Mais, pour combien de temps encore ?

Quand on connait tous les métaux lourds qu’utilisent les orpailleurs, les risques d’intoxication semblent vraiment augmenter.


Changement climatique, de biens gros mots (maux) !

L’expression « changement climatique » revient de plus en plus souvent dans les discours. Tous les programmes et autres actions ont toujours un volet climatique ! Les bailleurs de fond ne respirent que « changement climatique ». Mais que comprend réellement le citoyen lambda de ces termes qui semblent aujourd’hui si importants ?

Pas besoin d’allumer le poste de télévision pour entendre parler de changement climatique. En effet, la plupart des discours sont emprunts d’un parfum de changement climatique. Certains semblent avoir trouvé une nouvelle brèche pour se faire de l’argent rapide.Tous annoncent lutter contre ce fléau. Cependant, sur le terrain, au quotidien, c’est plutôt le changement de discours que l’on constate.

Que savent les populations sur le changement climatique ?

« J’entends souvent cette expression mais je ne sais pas trop comment l’expliquer. C’est une affaire liée à l’augmentation de la température sur la terre », lance Ester, étudiante en licence de droit à l’Université Houphouët Boigny de Cocody.

« Changement climatique là c’est pour les blancs. Nous on veut manger c’est tout », ironise le chauffeur d’un wôrô wôrô emprunté à Yopougon.

Je peux dire, sans grand risque de me tromper, que le changement climatique et tout ce qui va avec est plutôt mal connu des populations. Quoi qu’il en soit, même les scientifiques n’arrivent pas à s’accorder sur ce concept. Il y a différentes écoles. On entend souvent parler de changement global, de variation climatique… d’un côté, quand d’autres pointent la mauvaise appréciation de leurs pairs jugés trop alarmistes. En fait, le climat change depuis des millénaires, il n’a jamais été constamment le même. Jusque aujourd’hui, ce sont tous ces changements qui ont définis les différentes ères et qui ont servi de ferment à la vie. Pourquoi donc s’alarmer sur le changement climatique ? A moins que l’on fasse allusion à autre chose : la vitesse à laquelle ces changements ont lieu, changements bien plus rapides (et donc importants) de nos jours qu’il n’ont jamais été auparavant.

Que doivent savoir les populations sur ce concept ?

Assis devant la télévision, ma mère m’a demandé un soir : « Quand les gens parlent de « changement climatique », qu’est-ce que cela veut dire exactement ? ».

Embêté que j’étais, j’ai cherché un moyen tout simple de faire passer la pilule. Parce que, franchement, gaz à effet de serre, couche d’ozone et autres, ce n’était pas évident. Enfin, j’ai trouvé cette métaphore :

« Le changement climatique, c’est quand l’homme rend progressivement la vie impossible dans sa maison (la terre) à cause des conséquences de ses mauvaises actions (déforestation, pollution, etc.) ».

« Eh !, donc c’est nous mêmes qui sommes en train de préparer notre mort ? », interrogea-t-elle.

« Oui, malheureusement. Sinon qui d’autre ? », répondis-je.

L’avenir de la planète bleue semble incertain. Mais il faut toujours agir. Agir, même dans l’incertitude. #climackathon


La culture de café reprend des couleurs en Côte d’Ivoire

Le café, une l’une des boissons les plus consommées dans le monde. Certains iront même jusqu’à dire que c’est la boisson la plus consommée après l’eau. Ces statistiques cachent mal les réalités de la pratique de cette culture en Côte d’Ivoire. Chaque année, plusieurs centaines d’hectares de café sont détruits afin de mettre en place des cultures jugées plus rentables. Comment se porte la culture à la base de cette boisson très prisée en Côte d’Ivoire ?

Avec la promotion de plusieurs nouvelles cultures jugées plus rentables auprès des agriculteurs ivoiriens, la culture du café a perdu beaucoup de terrain. Les plantations de café se sont progressivement muer en plantations de palmiers à huile, de cacao, d’hévéa ou d’anacarde. De 380 000 tonnes dans les années 2000, la production de café vert robusta est passée à moins de 100 000 tonnes en 2013. Le Ministère de l’Agriculture annonce 400 000 tonnes d’ici 2020.

« Les superficies de la culture de café ont énormément baissées en Côte d’Ivoire. Néanmoins nous avons bon espoir de revoir cette culture reprendre la place qu’elle occupait dans l’économie du pays. Nous entreprenons plusieurs actions pour y aboutir effectivement », soutient Yapi Yapo, chargé du développement du Plan Nescafé à Nestlé Côte d’Ivoire.

Les actions de multinationale

Aux côtés de l’État ivoirien, cette multinationale spécialisée dans la transformation de cette matière première mène des actions pour assurer le maintien de cette culture. Le plan de développement et de remise à flot de la culture de café conduit s’articule autour d’un concept appelé Creating Shared Value (CSV). Cette approche de création de valeur partagée prône à travers cinq axes stratégiques une production et un approvisionnement durable : la santé, le développement rural, l’eau, l’environnement et le respect des droits humains.

Café
Parcelle de café – Station expérimentale Nestlé de Zambakro/Yamoussoukro. Crédit photo: Jallaski

Pour atteindre ces objectifs, il importe de mettre à la disposition des exploitants agricoles, des plants leur permettant d’accroître leur rendement. Nestlé en plus de son centre de recherche et développement à Abidjan, a ouvert depuis 2013, un nouveau centre de d’expérimentation. Celui-ci, d’une superficie de 30 ha se trouve à Zambakro, à 18 km de Yamoussoukro. Plusieurs parcelles d’expérimentations de variétés de café robusta y sont élevées. L’objectif est l’amélioration du matériel à mettre à disposition des planteurs. Tout ceci, en collaboration avec le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA).

La vulgarisation des résultats sur le terrain

Café
Parcelle de démonstration des bonnes pratiques agricoles à Yamoussoukro. Crédit photo: Jallaski

Plusieurs agriculteurs ont déjà commencé à bénéficier de ces plants améliorés de café. En fait, ces plants entrent en production à partir de la troisième année de plantation, contrairement à plus de cinq ans pour les anciennes variétés. En outre, des parcelles de démonstration de la nouvelle variété ont été mises en place dans plusieurs villages. C’est le canal utilisé pour montrer les bonnes pratiques de cultures aux producteurs.

Dans ces parcelles pratiques, les agriculteurs peuvent voir et appliquer les méthodes développées par les chercheurs. Les producteurs qui mettent en pratiques les différentes recommandations sont certifiés ou vérifiés selon un standard appelé 4C. Ces derniers bénéficient d’une prime liée à la production. Environ 29 000 producteurs de café partenaires de Nestlé sont vérifiés 4C en Côte d’ivoire.

Qu’en pensent les producteurs de café ?

Zedouai Michel, producteur dans le village de Toumbokro, à Yamoussoukro fait partie des producteurs qui ont adopté la nouvelle les bonnes pratiques de production. Aussi, il bénéficie déjà des retombées de sa parcelle replantée avec la variété améliorée. Sa jeune plantation de trois ans lui donne entière satisfaction au niveau de la production.

« Cette nouvelle parcelle donne plus de café que les autres. En plus, les caféiers sont moins hauts que les anciennes variétés dont on utilisait des fourches pour la récolte », nous apprend-t-il.

De nouvelles variétés plus productives et des approches durables de production et une meilleure distribution des ristournes liées aux cultures, telles sont les actions que nous encourageons et voulons voir se multiplier pour le bien-être des populations dans le milieu rural.


Les poubelles « BADs » dans les rues de la commune d’Adjamé à Abidjan

Depuis quelques années, le gouvernement a entrepris de nombreuses actions pour assainir le visage d’Abidjan. Cela commence à faire long et à agacer les populations qui ne voient aucune avancée, alors que les budgets engloutis eux avancent bien. Ainsi, ces derniers mois les choses se sont ré-accélérées, avec la libération des espaces publiques auparavant anarchiquement occupés par les ordures et des opérations « villes propres ».

C’est dans ce remue-ménage que, des BADs* poubelles (don de la BAD*) viennent d’être installées sur quelques artères de la commune d’Adjamé, au nord d’Abidjan. Pourquoi les populations les trouvent-elles plutôt BADs ?

Les BADs poubelles, un usage inadapté pour Adjamé

Ces poubelles fièrement estampillées « BAD » sont belles dans leur robe verte. Peut-être trop belles pour cette commune dont les rues n’ont plus jamais été propres depuis plusieurs décennies. N’allez surtout pas demander des comptes au maire qui semble avoir d’autres préoccupations. Mais, le plus grand inconvénient des BADs poubelles, c’est qu’elles sont assez petites et difficiles à entretenir.

Adjamé produisant des tonnes d’ordures à la seconde, je ne vois pas comment ces petites poubelles pourront jouer leur rôle. Sinon, elles devront être vidées plusieurs fois dans la même journée. Ce qui, selon moi, ne se produira jamais, les éboueurs étant aux abonnés absents. De nouveaux points de dépôts sauvages d’ordures viennent d’être créés. Si les BADs poubelles sont pleines, les ordures seront déposées juste à côté, le temps que les services de ramassage viennent faire leur boulot.

Il est vrai qu’elles ont l’avantage d’être solidement fixées au sol, mais certains craignent déjà qu’elles disparaissent très vite.

« Avec l’installation de ces poubelles, les voleurs de fer de la commune d’Adjamé vont se frotter les mains », ironise un riverain.

En fait, ces poubelles sont superbes. Mais elles conviennent plus à des sites déjà salubres. Par exemple, les artères de la commune du Plateau, la cité des affaires ou encore dans les universitaires. Les populations d’Adjamé préfèreraient probablement de grands bacs à ordures régulièrement entretenus. Bref, ne serait-il pas judicieux d’aller le leur demander ?

Quel coût pour ces poubelles ?

On imagine bien que ces BADs poubelles ne sont pas tombées du ciel. Quelque part, la planche à billet a dû fortement tourné. L’institution financière qui les offre gracieusement a sûrement mis un sacré pactole dans la commande, le transport et l’installation. Les spécialistes en projet diront : sortie d’argent justifiée = bonne santé du projet. Pour le reste, on verra plus tard. Quoiqu’il en soit, on nous cache toujours tout. Ce n’est donc pas étonnant qu’on n’obtienne jamais de réponse à cette interrogation.

Pour les idées, ils n’ont qu’à demander. On peut faire tellement mieux avec peu d’argent. Ci-dessous, un exemple plutôt simple et surtout moins cher dont on pourrait s’inspirer.

BADs
Vieux bidons transformés en poubelles, gare de taxi au Plateau, Abidjan. Crédit photo: Jallaski
BADs
Vieux bidons transformés en poubelles, gare de taxi au Plateau, Abidjan. Crédit photo: Jallaski

Malgré tout, notons que c’est déjà une action très appréciable pour assainir Adjamé. Cependant, il serait plus souhaitable de faire de meilleurs choix stratégiques dans ce genre de contexte. Aussi, pourquoi ne pas associer les populations à qui sont destinés ces ouvrages. Elles pourraient mieux se prononcer sur leur utilité. Je parle bien d’associer les populations hein, pas vos réunions avec trois invités dans les ministères là-bas.

 

BADs* : Anglicisme pour caractériser ce qui est mauvais (« bad » = mauvais).

BAD* : Banques Africaine de Développement.


À Abidjan, les inondations charrient de la m*rde dans nos maisons

Dans la métropole abidjanaise, certaines personnes préfèrent ouvrir les vannes de leur m*rde lorsqu’il pleut. Leur objectif est d’éviter le coût de l’opération de vidange des installations sanitaires. En effet, ce genre d’installations autonomes nécessite un curage périodique. Dans les quartiers populaires de la métropole, on en rencontre énormément. Mal gérées, elles causent d’énormes désagréments pendant les inondations et participent à la pollution dans les villes.

« Cette nuit-là, nous n’avons pas dormi. En plus de l’eau de pluie, quelqu’un situé en amont avait profité pour vidanger ses toilettes. Toute cette boue malodorante a stagné plusieurs jours dans ma maison. J’y ai perdu toutes mes affaires puisqu’il était difficile de descendre dans cette m*rde pour récupérer quoi que ce soit », explique Jules, un ami.

D’où provient cette m*rde charriée par la pluie ?

La situation vécue par Jules est plutôt récurrente dans certaines communes d’Adidjan. En plus des inondations multiples, il faut supporter ça aussi, la galère ! Le plus souvent, ce sont les habitants des domiciles dits « cours communes » qui commettraient ce forfait. Et cela, sans que des mesures concrètes ne soient menées pour les inquiéter. Comme argument, certains évoquent le coût élevé des services de vidange. En effet, une vidange des eaux usées coûte en moyenne 20 000 fcfa (environ 30 euros) à Abidjan. Ce coût varie en fonction des communes et de la distance à parcourir par le service vidangeur.

« J’ai déjà vidangé mes toilettes au cours d’une grosse pluie et personne n’a rien senti. Cela permet d’éviter le coût exorbitant des entreprises qui viennent enlever les eaux usées », confesse un habitant du quartier Port-Bouët 2 à Yopougon.

En plus, il n’est pas rare de voir des installations sanitaires directement reliées et déversant leur m*rde dans les caniveaux. Ainsi, point besoin d’installer un regard ou d’avoir besoin de services de vidanges. Les eaux usées coulent directement et c’est ok ! La pollution créée n’est pas du tout négligeable et certains endroits de la ville sentent vraiment la m*rde. Cela nuit incontestablement à la santé des riverains. Généralement, tous ces déchets coulent tout droit vers la lagune Ebrié, en plein cœur d’Abidjan. C’est un vrai réceptacle de m*rde qui accueille parfois même des baigneurs téméraires.

Les services de vidanges également pointés du doigt

Aussi, certains services de vidanges seraient coupables de ce même forfait de pollution. Très souvent, au lieu de conduire leurs camions pleins de m*rde vers les lieux appropriés pour le déversement, ils se déchargent directement en ville. A l’abri des regards indiscrets, ils déversent leurs cargaisons dans les égouts ou caniveaux pour économiser en frais de transport. Ce sont de vrais filous. Vivement que les services d’assainissement et tous les services compétents sévissent pour faire cesser ces pratiques.