Jallaski

Sommets de l’ OIF, entre objectifs géostratégiques et objectifs linguistiques

Tous les pays membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ont-ils le français comme langue officielle ?

Je pense que oui. Quelle question ?

L’Organisation Internationale de la Francophonie, cela s’entend, est la communauté des pays qui utilisent le français comme langue d’usage, administrative et d’enseignement.

Pour rappel, le français est la cinquième langue la plus parlée avec environ 284 millions de locuteurs dans le monde en 2015 (15% de la population mondiale).

Quoique…

En regardant de près tous les pays composant cette organisation (OIF), quelques doutes subsistent.

Aussi, avec ses quatre nouveaux membres : Ontario, Nouvelle Calédonie, Corée du Sud et Argentine, accueillis lors du #SommetMada2016 (Antananarivo, 26 au 27 novembre 2016) l’OIF compte aujourd’hui à 84 Etats membres et gouvernements.

En effet, les Etats membres et gouvernements sont répartis en 3 catégories :

58 membres de plein droit. Ils participent à l’ensemble des instances, des conférences sectorielles et des commissions. Et, ils décident de l’adhésion de nouveaux membres, de l’orientation stratégique de l’organisation et s’acquittent obligatoirement d’une contribution statutaire.

3 membres associés. Ils n’ont pas de voies délibératives. Ainsi, ils assistent aux instances sans intervenir dans les débats et s’acquittent obligatoirement d’une contribution statutaire. C’est un statut réservé aux Etats et gouvernements pour lesquels le français est déjà une langue officielle ou d’usage courant ;

23 membres observateurs*. Ils assistent aux instances sans intervenir dans les débats. Mais, ils peuvent présenter une communication avec l’accord du Président. Et, ils peuvent contribuer volontairement au financement de la coopération multilatérale francophone.

Oh surprise !

Parmi les pays membres de plein droit, noyau dur de l’OIF, donc censés avoir le français comme langue officielle des institutions, on retrouve entres autres (année adhésion) : le Canada* (1970), l’Egypte (1983) et le Cambodge (1993), etc. Egalement, au niveau des membres associés et des observateurs, on retrouve également tous types de pays (anglophones, lusophones, arabophones, etc.).

L’appartenance de certains pays à l’organisation est donc basée sur plusieurs critères : historiques, linguistiques, politiques, mais de nos jour de plus en plus sur l’économie et l’accès aux nouveau marchés : mondialisation oblige. On parle même de francophonie économique.

Focus sur l’Egypte, mon pays de résidence actuel, membre de l’OIF

La langue la plus parlée en Egypte est l’arabe, ensuite vient l’anglais. Mais trouver un interlocuteur qui arrive à aligner deux mots en anglais dans les rues égyptiennes n’est pas une mince affaire. Pour le français mieux vaut ne même pas essayer.

Beaucoup d’initiatives de l’institut français, université de la Francophonie et de lycées français sont ouvertes en Egypte pour faire la promotion du français mais cela reste encore trop couteux pour le citoyen moyen. Le français reste encore très marginal dans le pays, moins d’un millions de locuteurs sur une population de plus de 85 millions d’habitants. Visiblement, l’Egypte recherche autre chose dans la Francophonie que la langue française.

Rares sont les égyptiens qui savent que leur pays est membre de plein droit de l’OIF. Pour le vendeur de légumes en bas de mon immeuble et pour mon voisin de palier, c’est un grand étonnement d’entendre cela. Mais, les choses progressent peu à peu, gardons espoir…

*Thaïlande suspendu des pays observateurs depuis 2014
*Canada à différencier ici du Gouvernement du Québec qui lui a adhéré en 1971


De l’ « adapt-atténuation » à l’ « adapténuation » : adaptation du concept (2)

Fruit d’une première réflexion sur ce que représente l’Afrique dans la problématique complexe des changements climatiques, l’ «adapt-atténuation » s’adapte et de devient « adapténuation ».

C’est quoi au juste cette cacophonie : Adapténuation?

En fait, on peut classer les pays du monde en plusieurs catégories, en fonction de plusieurs critères, mais dans notre cas considérerons les trois catégories suivantes :

1) Pays dits « développés » ;

2) Pays dits « émergents » (dont certains se considèrent pauvres quand il s’agit de régler les factures internationales et se considèrent développés quand il s’agit de faire du tape à l’œil. Pourtant leurs populations vivent souvent dans des conditions pas possible) ;

3) Pays dits « en voie de développement » (pour faire joli et ne pas parler de pays pauvres ou pays du tiers monde).

Ainsi, le groupe des « décideurs » du monde et son cortège d’hypocrites ont tout balisé. Sur le plan climatique, les pays dits « développés » doivent faire l’effort d’atténuer les effets néfastes de leur système de production gourmand en énergie, peu ergonomique et fortement polluant.

Les pays dits « en voie de développement » quant à eux doivent adapter. Cela concerne leur mode de vie déjà précaire et leur mode de production archaïque. Ils sont obligés de d’adapter contre les conséquences de l’impérialisme des puissances occidentales. Ces pays n’ont donc pas le choix : s’adapter ou périr.

En ce qui concerne les pays dits « émergents », ils s’« auto-classent ». On les retrouve tantôt comme pays « en voie de développement », tantôt comme pays « développés ». Tout dépend des opportunités du moment. Pour moi c’est la meilleure catégorie, tellement les possibilités de passer entre les mailles du filet sont énormes.

Un concept en adaptation…

Comme de nombreux pays du tiers monde, mon concept initial « adap-atténuation » a besoin de s’adapter aux besoins du temps. En gros la sémantique reste la même mais le syllabus change.

Le concept prône une Afrique qui s’adapte aux changements globaux en n’oubliant pas d’atténuer ses externalités négatives sur l’environnement. Nos décideurs sont trop focalisés et attirés comme des abeilles sur du miel sur les fonds débloqués par les pollueurs en faveur des pauvres pour l’adaptation en oubliant que l’Afrique a déjà amorcée une phase d’industrialisation sauvage qui risque de compromettre la transition énergétique.

Où iront ces nouveaux fonds? Serviront-ils à faire les travaux prévus? Qui vivra verra!

Il y a souvent beaucoup d’anarchie en Afrique. Mais, faisons l’effort d’accompagner au mieux cette phase d’industrialisation incontrôlée. C’est ce qui a propulsé la Chine du néant vers le sommet de l’autodestruction moderne. Mieux vaut prévenir que guérir.

Les commentaires et les propositions de plusieurs personnes concernant mon premier billet sur le sujet m’amènent à adapter le concept pour, entre autres, faciliter la prononciation et permettre en un coup d’œil au lecteur de voir clairement les deux mots qui le composent : « Adaptation » et « Atténuation ».

Même si comme le dit mon ami F. : « Ce n’est pas pour demain l’adoption de ton mot par l’académie française », je suis confiant que ce concept fera son bonhomme de chemin.

« Adapt-attténuation » devient donc « Adapténuation ».

Qu’en penses-tu ? Est-ce suffisamment compréhensible pour toi ?

Tes commentaires permettront l’adaptation continue du concept pour l’atténuation de sa compréhension. Dans tous les cas nous n’avons pas le choix : nous devons tous nous adapténuer. La conférence des parties CoP en sa 22e assemblée à Marrakech au Maroc doit nous conduire vers des pistes de solutions viables.


Épilogue du retour des « samarah » au pays des pharaons (2)

Je me nomme F.M, ne pas confondre avec frequency modulation, procédé de radiodiffusion. Je viens d’apprendre qu’on m’appellera dans la rue « samarah ». Peu importe. Mais, j’ai quand même un trait commun avec les récepteurs radios : je carbure au Mégahertz. Taquin et dégourdi, j’anime toujours l’endroit où je me trouve. Infatigable blagueur, j’arrive toujours à faire sourire même le plus soucieux, avec mes réflexions décalées. J’aime la vie et je sens que la vie m’aime bien également. L’écriture est aussi une autre de mes passions. Souvent insomniaque, j’écris la nuit dans le murmure de la ville.

Je n’arrive à rien capter depuis quelques semaines. Mes capteurs hertziens n’arrivent plus à déchiffrer le nouvel encodage du milieu. C’est l’arabe partout ici. Et surtout ce fameux mot « samarah »

L’Égypte, un pays anglophone ?

Je suis arrivé à Alexandrie le 15 septembre 2016 dans le cadre d’un Master 2 en Management de projets à l’Université Senghor. Mais, après plus d’un moi, je ne me suis toujours pas encore très bien acclimaté. J’avais lu que l’Égypte était un pays anglophone. Cependant, grande est ma surprise de constater que les interlocuteurs dans la rue de mon quartier ne parlent que l’arabe. Les seuls mots anglais qu’ils arrivent à sortir naturellement sont « hi ! » ou « morning ! ». J’ai rencontré dernièrement le gérant d’une petite boutique qui arrive à mieux faire. Il fait même des efforts pour sortir quelques mots en français.

Embarquement pour Alexandrie…

Mon avion a touché terre à 04h05mn du matin au Caire. Le détour par Istanbul en Turquie n’était pas pour faciliter les choses. Environ 10 heures d’escale dans des conditions pas vraiment agréables.

A l’aéroport du Caire, je rencontre d’autres étudiants de l’université qui comme moi sont aussi en mal acclimatation. Heureusement, un chauffeur a été spécialement envoyé pour nous exfiltrer vers Alexandrie à 220km, sans quoi c’était la catastrophe.

Nous sommes huit à embarquer dans le minibus en plus du chauffeur. Il est environ 5h du matin. J’essaie de rester éveiller pour enregistrer toutes les images de cette mégalopole qu’est le Caire. Mais, avec la fatigue du vol, les nombreux détours sur les immenses échangeurs et le léger vent frais, je finis par m’assoupir un moment. Une petite secousse me fait ouvrir les yeux un moment. Assis derrière le chauffeur, je jette un coup d’œil au fond du véhicule, tous les autres n’ont également pas pu résister au sommeil. C’est un véritable petit concert de ronflement.

Un véhicule sans chauffeur?

J’essaie d’éloigner le sommeil en manipulant mon smartphone. Le véhicule semble zigzaguer doucement. On mord à chaque fois les bandes blanches sur cette autoroute à 4 voies. Aussitôt, je me penche un moment vers le chauffeur et je remarque que celui-ci mène une lutte acharnée contre le sommeil. Mon cœur commence à battre la chamade. Je lui donne une petite tape sur l’épaule et il me sourit comme pour me rassurer. Le pauvre, il nous a attendus toute la nuit et maintenant son corps réclame le repos.

Je lutte également contre le sommeil durant tout le trajet pour aider le chauffeur à rester lucide. Et, je réveille quelques-uns pour entamer des causeries afin d’apporter de la présence pour le chauffeur.

Je suis catégorique pour les convaincre de rester lucide : « les amis si on dort, ON EST MORT ! Le chauffeur là il est fatigué, IL DORT ! ».

C’est le cœur en pièce que moi et mes amis « samarah » arrivons à Alexandrie au petit matin. Sacrés arabes, ils sont vraiment terribles. De vrais noctambules. Ce fut un voyage mouvementé mais, une nouvelle et belle expérience.

Un récit de F.M


Zéro gaspillage, un mode de vie plus que nécessaire

Le spectre grandissant des effets néfastes des changements climatiques à venir, font craindre la disparition future de l’espèce humaine sur la planète terre. En effet, le système alimentaire mondial est déjà vulnérable aux chocs de production. Si on doit adjoindre à cela les conditions climatiques extrêmes et le gaspillage, les chances de subsistance deviennent minces.

Les experts sont unanimes. Avec le réchauffement trop rapide de la planète, la probabilité d’un choc alimentaire mondial, jusqu’à présent susceptible de se produire une fois par siècle, pourrait frapper tous les trente ans à partir de 2040. Il ne s’agit pas uniquement de demander aux populations de réduire leurs rations alimentaires. Mais, le principal défi consiste à réduire la part de gaspillage.

La terre subit déjà d’énormes pressions pour nourrir une population de plus en plus nombreuse. 70% des réserves mondiale d’eau douce sont pompées pour alimenter les cultures. Cependant, un tiers de cette agriculture gourmande en eau part directement à la poubelle. Il n’y a aucune conservation ni transformation efficace.

Cantines championnes du gaspillage

Selon le Programme des Nations Unis pour l’Environnement (PNUE), 3 milliards de repas partent à la poubelle. Elles proviennent surtout des cantines scolaires et des hôpitaux. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) estime que la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective permettrait de générer des économies importantes. Ces économies pourraient être réinvesties dans une agriculture respectueuse de l’environnement.

En quoi tout cela nous concerne-t-il ?

Je suis presque sûr que tu as déjà vu à la télévision des reportages sur des zones du monde où la famine sévit gravement. Assis tranquillement dans un salon feutré et sirotant un soda ou un bon whisky de 30 ans d’âge. Tu te dis que tout cela n’arrive qu’aux autres.

Disons-le haut et clairement, les problèmes environnementaux, la famine et autres catastrophes humanitaires ne nous intéressent généralement pas. Ces choses se passent dans de lointains pays, et chez nous tout va super bien. Une bande d’alarmiste passent leur temps à nous faire peur en annonçant l’apocalypse.

Souvent, on se dit qu’on ne peut pas faire grand-chose. Comme effort, on donne quelque fois 1 ou 2 euros. Une manière de montrer notre attachement au combat des ONG. En citoyen modèle du monde moderne, on circule tranquillement. Nos comportements polluent pour l’équivalent de 100 notre donation par jour de frais de dépollution.

Pourtant, ces catastrophes que nous voyons dans les médias sont plus proches que nous le pensons.

Chaque geste que nous faisons sans vraiment y réfléchir contribue-t-il positivement ou négativement à sauver notre planète ? Sommes-nous des artisans de notre autodestruction ?

En outre, les questions peuvent être multiples et multiformes. Mais, seules les réponses que nous y apporterons, pourront faire avancer les choses et réduire le gaspillage. Si chacun en ce qui le concerne y travaille, ce sera déjà un bon début au lieu de laisser le politique se démerder dans ses actions hasardeuses. Mais, le gaspillage n’est pas seulement qu’alimentaire, il se retrouve dans toutes les actions de notre quotidien : utilisation de l’eau, l’électricité, le carburant, etc.

Adoptons ensemble le mode de vie « Zéro gaspillage » ou du moins réduisons considérablement et progressivement les mauvaises habitudes.

S’il te plait, passe le message à ton voisin.


Epilogue du retour des « samarah » au pays des pharaons (1)

« La charité bien ordonnée commence par soi-même », dixit un proverbe bien connu.

L’horloge numérique devant moi pointe 02h25mn, heure du Caire (00h25mn GMT), ce samedi 17 septembre. Je fais pression des deux mains sur les tampons dans mes oreilles pour ne plus rien ressentir, mais en vain. Il faut trouver autre chose, un peu de musique peut-être. Rapidement, j’engouffre les écouteurs dans mes conduits auditifs avec le réglage sur « volume max » et je pose les deux mains en cloche sur les oreilles comme pour m’insonoriser de tous bruits extérieurs. Mais la vibration de mon tympan continue de plus belle, elle semble même s’accentuer. Je remets donc mes tampons en place.

« Il me faut récupérer mon casque, il protègera mieux mon tympan probablement », pensais-je.

Mais comment l’atteindre ? Je l’ai soigneusement rangé dans mon sac à dos qui est dans le coffre à bagages juste au-dessus de ma tête et nous sommes tous attachés à nos sièges depuis un bon moment car nous entamons la descente vers le Caire. Au milieu des légères secousses et de cette sensation de flottaison que procure l’appareil en perte d’altitude, ma tête est sur le point d’exploser. Un fort sifflement me fait vibrer douloureusement les cordes auditives.

Franchement je n’en peux plus. Je jette un coup d’œil autour de moi pour bien vérifier que je suis normal et que tout le monde ressent la même sensation que moi. Mon voisin de gauche, un allemand assit côté hublot, semble assez à son aise les yeux mi-clos et un gros casque bleu sur les oreilles. A ma gauche se trouve un égyptien. Celui-ci se tient le lobe de l’oreille gauche et semble un peu mal à l’aise également mais d’une intensité moindre que moi.

Quand allons-nous atterrir ? J’ai un mal de chien.

J’aperçois distinctement les lumières de la ville mais le pilote ne cesse de faire des virages serrés à gauche et à droite comme si cela l’amuse de me faire du mal. Tout à coup, j’entends un sifflement étrange. J’ai l’impression qu’on me perce les tympans avec des aiguilles. C’est atroce et je me recroqueville sur les genoux les deux mains sur les oreilles, les yeux embués de larmes.

Etais-je en train de pleurer ? Je n’en sais rien.

Je vais aller bien voir la définition du verbe pleurer pour en avoir le cœur net. Le sifflement ayant baissé d’intensité, je lève un peu la tête et je constate qu’on a touché terre. Je souffrais tellement que je n’avais même pas remarqué qu’on atterrissait. J’enlève délicatement mes tampons. Je ressens des douleurs et des bourdonnements aux oreilles surtout au niveau de l’oreille gauche. Les voix et bruits qui me parviennent sont lourds et pas très précis. Je me frotte et re-frotte les oreilles comme pour enlever les éléments qui l’obstruent.

« Good bye ! », me lance avec un large sourire l’une des hôtesses à la sortie de l’appareil sans imaginer le calvaire que je viens de vivre.

Après quelques minutes de marche, me voici au niveau du « passeport control ».

Moi : Salam oustaz ! (en lui remettant mon passeport)

Contrôleur : Mr Jack, enta minin ?

Moi : Ana min Côte d’Ivoire

Contrôleur : Ah Kot Toufoire !, Drogba ! Drogba !

Moi : Aywa ! Shoukrane, massalema (en récupérant mon passeport cacheté).

Il est environ 3h00mn du matin, me voici de retour au pays des pharaons. L’arabe reprend ses droits car trouver un interlocuteur qui s’exprime en anglais est souvent difficile. Je saute dans un taxi après avoir dépoussiéré mon arabe avec le chauffeur (pas besoin de vous ennuyer avec ce dialogue de sourd, mdr), direction la gare d’Alexandrie, la belle cité balnéaire située à 220 km du Caire. Environ 3h de voyage m’attendent.

Traduction de l’échange avec le contrôleur :
Moi : Salut monsieur ! (en lui remettant mon passeport)
Contrôleur : M. Jacques, d’où venez-vous ?
Moi : Je viens de la Côte d’Ivoire
Contrôleur : Ah la Côte d’Ivoire !, Drogba ! Drogba !
Moi : Oui !  Merci et au revoir (en récupérant mon passeport cacheté).


L’après Ebola en Côte d’Ivoire, que doit-on faire ou ne pas faire ?

J’ai dû changer le titre de ce billet sur le virus Ebola et recadrer mon analyse plusieurs fois. J’avais mal au cœur quand je l’écrivais au départ et j’y avais mis toute mon amertume de façon crue. Mais, avec le temps, les vicissitudes de la vie m’ont apaisé. Le magma fondant s’est refroidi quelques semaines après cette bourde de la ministre de la santé de Côte d’Ivoire, le 8 septembre dernier sur les antennes de la télévision ivoirienne.

Mon ancien chef de service, ce qu’on appelle chez nous un doyen, aimait à dire qu’il ne faut pas se précipiter sur une affaire. Il ne faut pas régler une situation lorsqu’elle est trop récente et qu’on a les nerfs à fleur de peau. Sinon, on pète rapidement les plombs et le résultat est souvent salé. Merci à toi doyen pour ta sagesse, je dilue donc un peu mon propos non sans avoir encore mal.

Fin de l’épidémie à virus Ebola, annonce salutaire mais quelque peu irresponsable !

On espérait qu’elle revienne pour rectifier son annonce, mais apparemment c’est son dernier mot. En effet, la ministre de la santé et je suppose ses conseillers et collaborateurs ont fait un communiqué dans lequel ils annoncent la fin de l’épidémie de fièvre à virus Ebola. C’est une superbe nouvelle car les pressions sur le personnel de santé vont baisser. Dans les lieux de cultes, les croyants vont maintenant pouvoir se faire des accolades et se serrer les mains. Exemple, « la paix du Christ », à l’église Catholique. Et, les restrictions sur la libre circulation des biens et des personnes avec la Guinée vont officiellement être levées. 

« Restriction de circulation?« , s’étonne Barry qui a fait plusieurs allés et retours pendant la période.

Cependant, gros bémol ! Cette fameuse déclaration ne s’arrête pas là, elle encourage les populations ivoiriennes à la consommation de la venaison*. Et, un micro trottoir a même été réalisé auprès des tenancières de restaurants et des populations qui s’en félicitent.

« Cela a mise en rogne tous les agents du ministère des eaux et forêts », déclare Fernand, agent dans ce ministère.

Le ministère des eaux et forêts contre-attaque

Notons que, les agents forestiers sont en première ligne de la lutte contre la chasse. Ils ont plusieurs fois mis leur vie en danger au plus fort de l’épidémie. Et ce, pour empêcher le braconnage et la consommation de la viande de brousse, vecteur de propagation de la maladie.

En outre, dans un pays organisé, où un conseil des ministres est tenu chaque semaine, aucune décision consensuelle n’a pu être adoptée pour le bien être des populations. Le conseil des ministres avait décidé des mesures contre Ebola, la ministre de la santé a décidé seule de la levée des mesures. Les ministères semblent cloisonnés et ne mènent pas leurs actions en synergie. C’est l’une des choses importantes qu’on peut retenir de cette situation malencontreuse.

Pour preuve, le ministère des eaux et forêts a produit également un communiqué de presse le 20 septembre dernier. Il dénonce la vaste campagne de reprise de la consommation de la viande de brousse dans les médias nationaux, internationaux et les réseaux sociaux. Et cela, à la suite de l’intervention inopportune du ministre de la santé. Il tient à rappeler aux populations que la chasse, la détention, la circulation, le commerce et la consommation de la viande et de tout produit de la faune sauvage issus du braconnage sont passibles de poursuites pénales. En référence, le communiqué cite l’arrêté n°03/SEPN/CAB du 20 février 1974 portant fermeture de la chasse.

Le ministère de la santé est tranquille dans son coin, le ministère des eaux et forêts également et les populations sont dans l’étau.

Où allons-nous ?

*Venaison : chair de gros gibiers