Jallaski

Les deux géants mondiaux de la pollution ratifient l’accord de Paris sur le climat, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Ça y est, la Chine et les États-Unis ont signé l’accord de Paris !

Le président chinois Xi Jinping et américain Barack Obama ont officiellement annoncés que les deux pays sont désormais liés par l »accord de Paris. C’était à l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu les 4 et 5 septembre 2016 à Hangzhou (Chine).  En effet, ils ont, dans un geste concerté, remis ensemble à Ban Ki-Moon, SG de l’ONU, les documents de ratification. Ce qui devrait accélérer la décision des autres pays.

Aussi, après avoir été durement négocié en décembre 2015, l’accord de Paris sur le climat* a été signé en grande pompe à New York, le 22 avril 2016 « Journée de la Terre ». Signé par 175 parties (174 pays + l’Union Européenne) membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’objectif de cet accord est la réduction des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2020. Il faudra contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C. Aussi, l’accord envisage également de poursuivre les actions pour limiter l’élévation des températures de la planète à 1,5°C.

Le Parlement chinois a donc adopté samedi 3 septembre, lors de sa session bimensuelle, le texte issu de la COP21. Quant au président américain, c’est par une décision présidentielle qu’il engage son pays. En effet, pour ratifier le texte, le président démocrate aurait dû s’en remettre au Congrès à majorité républicaine, hostile aux mesures engagées. Mais, autant dire que la suite s’annonce difficile.

Encore du chemin à faire…

Beaucoup d’efforts sont à fournir par ces pollueurs durant les années à venir. En effet, la Chine doit s’affranchir de sa dépendance au charbon, principale source d’énergie du pays. La puissance communiste a encore du chemin à faire avant de devenir un modèle écologique. Car, le pays, qui tire 70% de son électricité du charbon. Il est responsable de 20% des émissions mondiales de CO2, devant les États-Unis (18%). Cependant, la Chine est certes le pays qui investit le plus dans l’énergie solaire, mais elle a aussi validé la mise en chantier de 150 centrales à charbon.

Des effets positifs sont déjà en train d’être constatés. Aussi, les niveaux de consommation de charbon du pays ont baissé par rapport aux trois années précédentes. De ce fait, nous assistons progressivement à la conversion de la première économie asiatique aux énergies pauvres en carbone.

Ces deux pays font depuis longtemps partie des mauvais élèves en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, ils ont toujours été en marge des ratifications concernant ce sujet. On se souvient encore de cette tristement célèbre phrase :

« Le train de vie des américains est non négociable », assenait il y a plus d’une vingtaine d’année le président américain Georges Bush père.

Le revirement de situation ces dernières années augure d’un lendemain meilleur pour la planète. Cependant, ne crions pas vite victoire. Il faudra faire du lobbying auprès des puissantes multinationales pour qu’elles acceptent de réduire leurs gains pour mettre en œuvre l’accord de Paris. Quand on sait que ces derniers sont capables de « faire » et de « défaire » des gouvernements, la tâche s’annonce assez compliquée. Applaudissons, mais gardons un œil sur la suite.

Quel est le bilan actuel de l’accord de Paris ?

Le relai ces derniers jours de l’information de ratification de l’accord de Paris ne veut pas dire que la victoire est acquise. En effet, l’accord de Paris entrera en vigueur dès lors que 55 pays représentant au minimum 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) auront ratifié le texte.

Néanmoins, la ratification des deux poids lourds que sont la Chine et les États-Unis marque un pas décisif. Car, ces deux états représentent pas moins de 38 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En effet, ajoutés au 1 % représenté par les petits états insulaires les plus prompts à ratifier ; aux 2,5 % du Brésil, dont le Congrès a approuvé le texte le 11 août ; au 0,9 % de l’Argentine, qui a fait de même le 2 septembre, ce sont donc désormais plus de 42 % des émissions de gaz à effet de serre qui figurent dans le champ de l’accord de Paris.

Notons que, la Russie a clairement fait entendre qu’elle ne comptait pas ratifier avant 2019. Aussi, on espère que l’engagement de ces deux pays va créer une dynamique positive pour entraîner d’autres gros pollueurs comme le Canada, l’Australie et l’Inde.

*Consulter : CoP21, 30 novembre-11 décembre 2015

*Consulter : la liste complète des signataires et pays ayant ratifié l’accord (CCNUCC)


Bingerville-Côte d’Ivoire : le jardin botanique n’attend que toi

Vestige de l’époque coloniale, le Jardin Botanique de Bingerville est un espace reposant qui vous ouvre ses portes à deux pas d’Abidjan. En fait, on peut même dire que le jardin se trouve maintenant dans Abidjan, vu que l’urbanisation galopante de la capitale économique a phagocyté cette petite ville. Aussi, ce site touristique n’attire pas les ivoiriens qui préfèrent prendre du bon temps autour d’une drogba* bien fraîche. Les Occidentaux sont donc les plus nombreux pour les visites.

Un peu d’histoire…

Après Assinie et Grand Bassam, Bingerville devient la troisième capitale de la colonie française entre 1900 et 1934 avant de laisser la place à Abidjan. En fait, cette ville porte le nom du premier gouverneur français du nom de Louis-Gustave Binger.

D’une superficie actuelle de 56ha 47a 44ca*, ce jardin a été créé en 1904 sur décision du gouverneur Angoulvant. D’abord, d’une superficie d’environ 70 ha, cet espace était réservé pour les parties de chasse des colons et autres activités ludiques. Ensuite, le gouverneur eu l’idée de créer une zone d’essai de certaines plantes et cultures exotiques. De ce fait, des cacaoyers, des caféiers, des palmiers et plus tard des hévéas furent testés avec succès. A côté de cela, certains arbres venus d’un peu partout furent également plantés en plus de la réalisation de plusieurs aménagements du site. Enfin, le titre de jardin botanique fut donné bien plus tard au vue de la richesse floristique du lieu.

Aujourd’hui, l’espace de 70 ha est réduit à 56 ha car certaines portions du terrain ont été utilisées pour la construction :

  • du lycée agricole de Bingerville devenu école régionale d’agriculture ;
  • de l’école d’élevage de Bingerville ;
  • de la station de recherche du CNRA*
  • d’un site de traitement de la société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire.

En effet, la gestion du jardin n’a pas toujours été facile. Le site est aujourd’hui administré par le ministère des eaux et forêts. Mais, avant la construction de sa clôture en 2012, il était menacé par l’urbanisation galopante de la ville et par les riverains qui venaient y prélever sans permission des ressources. Heureusement, les choses se sont bien améliorées depuis.

En outre, le jardin est constitué de différents espaces végétaux, d’une aire de pique-nique avec une buvette et d’un terrain de football. On peut y mener des visites libres (le visiteur réalise ses activités ludiques à sa guise dans le respect des règles du lieu) ou des visites guidées (un guide forestier vous accompagne sur des parcours particuliers en vous expliquant une quantité de choses que vous n’imagineriez jamais et répond à vos questions – nom des arbres, fonction thérapeutique, origine, etc.).

D’abord, la visite libre ou parcours de santé

Le jardin botanique est idéal pour la marche ou le jogging. En plus, les sentiers sont bien aménagés pour permettre au visiteur qui veut se détendre de se fondre dans la nature verdoyante et luxuriante. Pour une telle activité, le coût d’entrée s’élève à 200fcfa/personne (environ 0,3 €).

Enfin, la visite guidée ou parcours scientifique

Pour un coup unique de 5000fcfa/5 personnes max (environ 7,5 €), un guide forestier vous conduit au cœur du jardin. En fait, selon votre emploi du temps et votre endurance à la marche, la visite peut être courte ou longue. Tout dépend de vous. Cependant, il faut prévoir des chaussures et des vêtements adaptés car le désir de découvrir certaines merveilles peut demander d’entrer dans des zones de forêts.

Aussi, la plupart des essences des forêts tropicales du monde sont présentes sur le site. En plus, beaucoup de planting d’arbres ont été réalisés par les plus hauts responsables du pays avec des pancartes portant leurs noms. Cela en fait un espace privilégié pour les chercheurs des universités du pays. En effet, feu l’éminent professeur autodidacte Laurent Aké Assi y allait très souvent avec ses étudiants pour des travaux pratiques en botanique. La visite guidée est un cours de botanique grandeur nature pour ceux qui adorent la flore. La faune est quant à elle constituée d’insectes, d’oiseaux, de reptiles et de petits rongeurs.

Du fromager (Ceiba pentandra, originaire d’Amérique du sud, d’Amérique centrale et des Antilles) bicentenaire aux contreforts exceptionnels à l’arbre à beurre de la forêt (Pentadesma butyracea, originaire des forêts humides d’Afrique tropicale) utilisé pour le traitement de certains cancers ;

Du sapotillier ou arbre à chewing-gum (Manikara zapota, originaire du Mexique – péninsule du Youcatan) aux feuilles toxiques du bois bété (Mansonia Altissima, originaire de l’ouest de la Côte d’Ivoire) ;

mille mots ne peuvent décrire avec précision la sensation que procure la visite guidée de ce site. Alors, plus besoin d’hésiter, le jardin botanique de Bingerville t’attend pour une découverte floristique hors du commun.

*drogba : surnom donnée à la bière de la société de limonaderies et brasseries d’Afrique (SOLIBRA) de 100cl de contenance
*56ha 47a 44ca : 56 hectares 47 ares 44 centi-ares
*CNRA: Centre National de Recherche Agronomique


Bientôt, le retour des « samarah » au pays des pharaons

Voilà déjà quelques mois que je suis parti d’Alexandrie, cette belle ville balnéaire et cosmopolite. Alexandrie est l’une des principales villes touristiques d’Egypte avec ses grands complexes hôteliers luxueux et les kilomètres de plages aménagées pour les balades le long de la Méditerranée. En termes de sites touristiques anciens, on trouve dans celle belle cité la colonne de Pompée mais aussi les catacombes de Kom Al Shaqafa datant du 1er et 2e siècle après J-C et considérées comme la plus importante nécropole romaine en Egypte. Ces catacombes comprennent trois niveaux de chambres et de tombes creusées dans la roche, jusqu’à 35m de profondeur. On peut visiter également le fort Quaitbay construit sur les ruines et avec les blocs antiques du phare d’Alexandrie, septième des sept merveilles du monde antique. De nombreux autres sites et attraits touristiques tiennent les visiteurs en haleine pendant le parcours de cette ville (Bibliotheca Alexandrina*, El Muntazah Palace, etc.).

Alexandrie
Vue imprenable sur la méditerranée à Alexandrie, avec le fort Quaitbay au fond sur la langue de terre

Tout cela fait bien rêvasser. Mais en réalité, vivre à Alexandrie ou plus généralement en Egypte n’est pas toujours facile surtout lorsqu’on a la peau « chocolatée* », comme on aime bien le dire en Côte d’Ivoire. Les premiers contacts avec l’Égyptien lambda dans notre quartier d’habitation à Khaled Ibn Walid, en plein cœur d’Alexandrie, m’ont négativement marqués. Des rires moqueurs, des cris, des mots arabes dont les significations m’étaient à cette époque-là inconnus étaient mon quotidien. Certains plus teigneux et souvent les enfants ne cessent de t’harceler et te demander l’heure en montrant leurs poignets du doigt, histoire de te dire « regarde ta peau » (on me l’a expliqué bien plus tard car ça devenait saoulant cette affaire de demande d’heure intempestive).

Soudani* ? Where are you from? sont les interrogations récurrentes des Égyptiens qui croisent ton chemin.

Certains jours, tu peux te taper une bonne centaine de ces questions, surtout si tu fais quelques courses dans les boutiques. Certains veulent vraisemblablement faire connaissance, mais pour la plupart c’est purement et simplement pour la raillerie. Après quelques mois, on s’habitue vite à ces stupidités. Maintenant quand je me balade, je ne réponds plus à ces provocations.

Au milieu de tout ce brouhaha arabo-anglais, un mot revient constamment : « samarah* ». C’est un mot difficile à définir. Pour certain ça veut dire « noir, nègre », pour d’autres « africain ». Il faut noter que les quelques amis égyptiens francophones que nous avons à l’université sont toujours un peu gênés quand il s’agit de définir ce mot.

« Ce n’est pas un mot méchant en fait, mais c’est difficile à définir exactement en français », balbutient-ils.

L’Egypte est un Etat très policier avec des lois totalement différentes de mon pays d’origine. On stresse souvent devant certaines situations, mais on prend toujours la vie du bon côté. Voici un pays où l’on est gêné de prendre l’ascenseur avec une femme seule. Lorsqu’il y a une Égyptienne que je ne connais pas dans l’ascenseur de l’immeuble, désolé, je préfère attendre le prochain. Cela peut faire rigoler, mais mieux vaut prendre ses précautions. Je préfère me prémunir de la lapidation. On ne sait jamais, si elle crie par mauvaise foi c’est la catastrophe.

Je reprends donc le chemin de l’Université Senghor d’Alexandrie pour la deuxième année du master dans trois semaines. Plusieurs amis étudiants ont choisi l’Europe ou d’autres pays d’Afrique dont ils ne sont pas originaires pour leurs stages de master, moi j’ai foncé droit au pays pour me re-tropicaliser après avoir vécu une année de galère culinaire. Des épices et senteurs qui ne me conviennent pas, trop sucrés ou souvent trop gras, les mets égyptiens n’arrivent toujours pas à séduire mon palet. A mon arrivée au pays, les repas bien arrosés m’ont remis d’aplomb. Sujet tabou, l’alcool n’a pas bonne presse dans ce pays musulman à plus de 95%. Heureusement, avec mes colocataires, nous arrivons souvent à nous procurer dans les espaces « drinkies* » agréés de la ville, quelques canettes de bière que nous savourons incognito dans notre appartement.

Papyrus
Peinture sur papyrus, au Papyrus Institute du Caire

Encore trois semaines pour me gaver des derniers nectars du pays et bouffer le maximum de garba*. Je prépare d’ores et déjà 23kg de provisions « made in Côte d‘Ivoire » et une bonne bouteille de « brûle en moi* », bas les côcôs* ! Quelques amis téméraires sont déjà arrivés en avance à Alexandrie, moi je vais griller le temps jusqu’aux dernières secondes. Restez connecté, bientôt le résumé en couleurs du retour des « samarah » au pays des pharaons, car les histoires improbables à relater, il y en a toujours avec ces « samarah » originaires de tous les pays francophones d’Afrique noire.

*Bibliotheca Alexandrina : premier centre de référence francophone en Egypte, en Afrique et dans tout le Moyen-Orient. C’est le 4e centre de documentation francophone dans le monde.
*Chocolatée : couleur foncée, comme le chocolat
*Soudani : Soudanien en arabe
*Samarah : expression arabe signifiant vraisemblablement : noir, nègre, africain
*Drinkies : boutique ou espace agréé ou l’on vend des baissons alcoolisées
*Garba : met ivoirien composé d’attiéké (semoule de manioc) accompagné de poisson thon frits
*Brûle en moi : alcool local distillé de façon traditionnel à partir de vin de palme fermenté
*Côcôs : expression ivoirienne pour désigner une personne qui aime profiter de ce que possèdent ses amis sans jamais vouloir payer à son tour


Abidjan-Côte d’Ivoire: enfin des travaux sur l’axe mairie d’Abobo-samanké

Lundi 22 août, il est 16h. De retour d’une course à Adjamé, je fais un détour par le rond-point d’Abobo samanké. Le lourd vrombissement des bulldozers se mêle au brouhaha quotidien qui règne dans cette zone à cette heure. Ces engins décapent facilement l’ancien bitume en piteux état comme un couteau dans du beurre.

Un bulldozer sur le site
Un bulldozer sur le site

« Il était temps, on a trop souffert sur cette route », lance notre chauffeur de wôrô-wôrô* en prenant la déviation mise en place à cause des travaux.

Depuis le week-end dernier, la voie partant de la mairie d’Abobo au carrefour samanké est fermée à la circulation. Ce tronçon d’environ 2km fait la honte de la commune. Il existe de nombreuses voiries dégradées à Abobo et il n’y a probablement pas assez de budget pour tout réparer. Mais laisser cette voie principale dans cet état de dégradation pendant plus de trois ans, c’est difficile à comprendre. Apparemment, les conseillers municipaux et le maire n’avaient pas l’information que la rue longeant la clôture de leur bureau est un véritable chemin de croix.

Il n’y a pas de l’argent, ça c’est une évidence. Mais l’une des raisons pour lesquelles les pauvres populations endurent ce calvaire est que la plupart des responsables communaux cumulent les hauts postes de responsabilité du pays (dans notre cas, ministre dans les gouvernements successif depuis une décennie maintenant) et vivent tranquillement avec leurs familles ailleurs, dans des communes qui leurs ressemblent. Ils n’empruntent jamais cette voie pourrie avec leurs jolies cylindrées. Ils préfèrent la laisser aux gbakas* et à quelques téméraires qui s’y aventurent souvent.

C’est quand même étrange d’être le responsable d’une commune et vivre ailleurs parce qu’on trouve sa commune sale et male organisée. C’est probablement la faute des populations qui versent chaque jour des taxes. Sans rien exagérer, la commune d’Abobo est insalubre et abrite une bonne frange des gangsters d’Abidjan. A tel point qu’on hésite souvent avant de révéler aux amis qu’on habite dans cette commune qui nous fait honte. On attend encore les bras croisés celui qui va venir faire le boulot qu’il faut.

Vue d'une portion du tronçon
Vue d’une portion du tronçon

Par exemple, aucune étude n’a été menée et ne sera jamais menée sur l’impact qu’a ce nid géant de maladie sur la santé des populations riveraines. Toujours humide, même en saison sèche, cette voie présente à plusieurs endroits des piscines stagnantes et bouseuses dont on imagine allègrement l’origine de l’eau. Dans tous les cas, les conclusions d’une telle étude ne serviront à rien.

Bref, 08 mois, c’est la durée des travaux qui nous permettront ne plus faire le détour de cette voie qu’on avait laissée aux gbakas*. Bientôt on pourra venir faire ses courses dans les superettes et autres boutiques qui longent cette avenue, j’aurais moins d’appréhension sur les baguettes de pains de la boulangerie qui y est installée. Bientôt on pourra prendre sereinement un taxi et lui dire Abobo-samaké sans qu’il ne démarre en trombe, vous laissant à la merci des gbakas*.

Lien youtube sur l’état de dégradation de l’axe mairie d’Abobo-samanké. (ajouté le 27 avril 2016)

*Wôrô-wôrô : taxi communaux
*Gbaka : mini-bus de transport


Côte d’Ivoire : les rhinocéros de la Réserve de Faune d’Abokouamékro en danger (2)

« Au pays des éléphants, les rhinocéros blancs sont en voie d’extinction ».

Lors de la publication de notre précédent billet consacré à ces pachydermes en danger qui se sont bien acclimatés au pays, nous étions loin de nous imaginer le tragique événement qui allait suivre.

Le 4 août 2016, à Frondobo, petit village de la sous-préfecture de Tiémélékro (à environ 250 km d’Abidjan, au centre du pays), il est environ 17 heures quand, partout dans le village, on entend des cris de détresses et de terreur. Le rhinocéros qui rôde depuis un moment dans la zone vient de prendre en chasse le chef du village. Le pachyderme en question est un gros mâle d’environ 2 mètres de hauteur, il pèse plus de 2 tonnes. Paisible depuis son apparition dans la zone en 2012, il était devenu de plus en plus agressif ces derniers mois.

Après avoir fait un tour dans la broussaille pour se soulager, le chef, surpris lors de son retour vers le village, est pris en chasse par l’animal. Il est violemment fauché et reçoit un coup de corne au ventre. Transporté d’urgence dans une embarcation de fortune au centre hospitalier régional de Dimbokro (situé à une vingtaine de km), il succombera malheureusement aux blessures profondes infligées par l’animal.

Aujourd’hui, le rhinocéros continue d’errer autour du village, il a même coupé la route à un véhicule de transport le lendemain de ce drame, créant ainsi la psychose au sein des populations.

A Frondobo et dans les villages voisins, les habitants sont apeurés et vivent dans la crainte totale devant ce changement de comportement de l’animal. La population sont unanime, depuis son apparition en 2012 dans la localité, la cohabitation avait toujours été quasiment pacifique. Les dégâts s’étaient limités aux cultures et à la profanation d’une tombe. Une seule tentative d’agression était survenue en mai 2016 et la victime avait réussi à s’échapper.

Pour bon nombre d’habitants de la localité, la quiétude ne pourra revenir qu’après la traque et la mort de ce pachyderme fou et cela se comprend vu la situation délétère actuelle.

« Il faut qu’on nous débarrasse de ce monstre, il crée trop la terreur chez nous », soutient un fils de la localité.

Heureusement, au lendemain du drame,une rencontre a eu lieu avec la population, une délégation de la Direction Régionale des Eaux Forêts de Yamoussoukro, la Mairie de Tiémélékro et la Gendarmerie de Dimbokro. Cela a permis de calmer la population et de traduire la compassion des autorités face à cette malencontreuse situation. Mais point de long discours qui tiennent, les habitants exigent que l’animal soit urgemment déplacé afin de retrouver la quiétude et la sécurité. Par ailleurs, selon la notabilité du village, en de pareilles circonstances, des rituels doivent être effectués par l’administration qui a en charge la gestion de l’animal afin que la victime, qui est un chef de village, soit inhumée dignement, selon la tradition.

Les membres de la délégation ont rassuré la population quant aux dispositions en cours pour le déplacement de l’animal. Ils n’ont pas manqué d’insister sur les mesures à observer pour éviter que l’animal soit de plus en plus agressif. Notons que les raisons profondes de ce changement de comportement du rhinocéros ne sont pas encore élucidées. Selon les dernières informations, recueillies auprès de la direction en charge de la faune, ce gros mâle représente vraisemblablement le dernier spécimen de son espèce en Côte d’ Ivoire. Les récentes recherches menées par la direction sont formelles.

Sur les sept rhinocéros en cavale depuis 2002, seul ce gros mâle est encore en vie, mais pour combien de temps encore ? Il faut veiller à prendre toutes les mesures pour sa protection et probablement penser à en faire venir d’autres d’Afrique du Sud, pour recréer la dynamique de l’espèce en Côte d’Ivoire, comme initiée par feu le président Houphouët Boigny.


« Adaptatténuation », un nouveau concept pour l’Afrique

L’Afrique un jour se lèvera, tirée par des révolutionnaires ayant le goût du risque et du développement. Chaque peuple travaillant et bêchant la terre sans relâche pour y tirer la moindre source de richesse pour rattraper son retard. A ce moment-là, il sera trop tard, les complaintes de mère nature s’évanouiront dans les intérêts capitalistes industriels et des promesses toujours rejetées au lendemain. Il faut d’ores et déjà réfléchir à l’adaptatténuation* de l’Afrique.

5%, c’était le chiffre magique de la 21ème conférence des parties (CoP 21) de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015.

L’écho de ce chiffre a été intensément relayé et médiatisé. Tous les chefs d’Etats africains interviewés ne se sont pas fait prier pour le mettre sur la table. Tous les discours étaient calibrés à 5%. Notre belle Afrique était encore une fois présente à cette conférence non pas pour apporter des vraies solutions durables mais pour quémander des sous en brandissant son arme fatale,

« Ecoutez monsieur, chez nous c’est 5% donc augmentez nos subventions ».

Chez nous c’est 5% depuis quand et pour combien de temps encore ?

L’Afrique a besoin de se développer et cela passe par de nombreux sacrifices. Si tous les indicateurs de développement en Afrique passent subitement au vert, le monde va assister à la pire catastrophe environnementale mondiale de tous les temps.

L’une des principaux poumons de la régulation climatique mondiale, la forêt tropicale africaine regorge de matières premières et de richesses inestimables. L’Afrique possède l’or à gogo, le diamant à gogo, le fer à gogo, l’uranium à gogo et j’en passe. Mais ses populations vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Cette situation peut bien vite changer. Pendant combien d’année encore l’Afrique va accepter de ne pas se développer pour faire plaisir aux généreux donateurs occidentaux qui prêchent à tous vents que les forêts africaines ne doivent en aucun cas être détruites.

Bientôt, la dynamique de développement en Afrique va se démultiplier, le taux de pollution aussi. Ces fameux 5% peuvent passer en moins d’un quinquennat à un vieux souvenir dont personnes ne parlera plus jamais.

De quel type de développement nous parle-ton pour l’Afrique ?

Un développement dit « propre » ?

Qu’est-ce que cela sous-tend au juste ?

Si l’Afrique doit de développer sans polluer, autant retourner à l’âge de pierre. Agriculture manuelle, pas de transport, pas d’industrie, pas de …

Ils ont décidé que les pauvres s’adaptent et les riches atténuent leurs actions. C’est sûr que la réduction des profits n’est pas pour plaire à tous et beaucoup de saupoudrage est réalisé.

Notre continent ne peut pas toujours être tenu par la main et les lois dictées par d’autres. L’Afrique doit se lever et s’ adaptatténuer. Ce concept suppose de s’adapter aux changements actuels en atténuant les actions de développement. C’est donc un ensemble politiques et mesures plus faciles à dire qu’à faire.

Heureusement, plusieurs pays se sont déjà lancés sur cette voie, même si le terme d’ « adaptatténuattion » n’est pas encore utilisé.

Mais dire que l’Afrique ne va pas polluer et va rester à 5% de pollution est une chimère. Dès lors que l’Afrique va prendre le virage d’un développement et d’une industrialisation galopante, elle se comportera comme l’empire du milieu. Les réunions seront organisées mais elle ne sera pas présente car ses intérêts seront ailleurs.

Chaque pays n’est-il pas libre de gérer ses ressources comme il l’entend ?

L’adaptatténuation doit pouvoir garder l’Afrique sur les rails du développement. On a d’ores et déjà les yeux tournés vers la CoP 22 au Maroc.

*Adaptatténuattion: adaptation & atténuation